19 décembre 2016

Faisons les comptes !

Credit Picture : KokoSaintKokou

Aux lendemains de la qualification des Éperviers (l’équipe nationale togolaise de football) pour la CAN Gabon 2017, il a été décidé en conseil des ministres, le 16 décembre dernier, la création de comités ad hoc pour l’organisation, la mobilisation et la gestion des fonds. Le but affiché est d’assurer de meilleures conditions de préparation aux Éperviers du Togo. Il est fort probable, sinon évident, que nous assisterons aux mêmes scénarios qu’en 2013 : une participation volontaire des populations par des dons, et une participation forcée par augmentation du coût de certains produits de consommation (pétrole, communication, etc.). Cette dernière est un hold-up démocratique. C’est du totalitarisme financier. Mais alors pourquoi, aux heures de grande écoute, les journalistes ne dénoncent ni ne nomment l’oligarchie, la ploutocratie et le totalitarisme financier dont fait montre notre gouvernement ? Ces mots sont absents du journal télévisé. On nous formate. Les nouvelles sont tronquées. L’analyse est absente. C’est à se demander si l’information n’est pas manipulée afin de ne rien dire pour nuire au régime. Or, l’idéal journalistique est tout autre. Le but du journaliste est de fournir aux citoyens un récit réaliste et objectif des événements. Chose que l’analyse personnelle devra ensuite interpréter.

Il importe, avant toute nouvelle mobilisation de ressources, de savoir ce qui a été fait de la précédente. Il importe de s’asseoir, de faire un bilan, de mettre la population et les joueurs en confiance, en leur présentant le rapport comptable des ressources mobilisées en 2013, afin de mieux s’armer, et de mieux s’organiser pour celle-ci. Il urge que nous fassions les comptes !

Faire les comptes, c’est dresser un état des lieux des ressources mobilisées, de leur utilisation et éventuellement de celles qui restent. Ceci représentera pour mon pays, le Togo, un pas de géant réalisé vers la transparence, moteur de développement de toute société démocratique.

Il faut bien nous répondre, à nous, blogueurs, opposant, journaliste, intellectuel lambda en parlant « chiffres ». Et si vous voulez qu’un nouveau projet de mobilisation de ressources soit crédible aux yeux du plus grand nombre de nos concitoyens, il vous faut bien dire, précisément, ce qui a été fait avec le résultat de la précédente. Ce n’est qu’à cet instant qu’il sera possible concrètement d’envisager, faisant taire toute critique, une nouvelle mobilisation.

Aucun de nos gouvernants n’a jamais fait de déclaration de biens avant et après son entrée/sortie du gouvernement, tels que prévu par la constitution. La cour des comptes n’y veille pas. Nous n’avons pas à demander cela. Plus qu’une obligation, cela doit être un réflexe. C’est là, la première erreur de ce processus de compte. Tout doit commencer par là. Par le respect de la constitution.

La discussion s’ouvre sur deux questions majeures :

  • Pourquoi, au Togo, ne faisons-nous jamais de comptes ?

 –          Suite aux incendies des marchés d’Adawlato et de kara, il a été lancé un appel aux dons. Des prospectus ont été distribués, des affiches placardées en ville. Ils incitaient à une forte mobilisation. Jamais ces victimes n’ont vu la couleur des billets, jamais un rapport financier n’a été publié.

–           La dernière élection présidentielle togolaise a, pour la première fois, dans l’histoire notre pays vu un financement public des partis politiques, en plus des financements privés. Aucun de ces partis n’a rendu publics ses comptes de campagnes. Comme quoi, le régime et les opposants au régime sont faits du même bois.

  • Sur la question des profits, doivent-ils aller dans les poches de quelques-uns ? Ne peuvent-ils pas servir au bien commun, c’est-à-dire, retourner au financement de l’éducation, la santé et la protection sociale ? Ou bien servir pour des investissements productifs, intelligents et créateurs d’emploi ?

Que font-ils concrètement de nos impôts ? Des recettes du phosphate ? Des bénéfices des sociétés étatiques (Lonato, Togotelecom, etc.) ? Je suis conscient qu’il ne peut s’agir simplement de prendre, ce qui est produit aujourd’hui et de mieux le répartir. Les sciences économiques ne sont pas si simples. Autrement, ma grand-mère illettrée du village serait une experte en la chose.

Un individu ne peut disposer à sa guise des ressources publiques. Toute personne se rendant coupable de tels manquements doit être sanctionnée. Le châtiment doit être à la hauteur du crime. Il doit être une dissuasion, un signal à toute personne qui aurait l’idée de commettre le même genre de transgression. Il faut que cesse l’impunité.

« Faisons les comptes » pour une meilleure gestion de la chose collective.

Ma parole est tombée !

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Commentaires

Anonymous
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Cool

Pascal
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Merci pour cette peinture bien exquise de la situation politico-sociale de notre chèr pays.