Laurier d'ALMEIDA

Réussir quel qu’en soit le moyen

Crédit Photo : flickr.com
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J’ai en aversion les personnes qui émettent un jugement sans au préalable demander « le pourquoi du comment ». En effet, je pense que avant de mettre l’anathème sur un individu, il faut avoir eu son vécu et voir si l’on n’aurait pas réagi pareillement. Cela me rappelle mon article sur l’homme qui a arrêté de rêver. Avec le recul, je pense l’avoir jugé trop vite. Prendre un engagement en lui disant que j’allais le changer était une gageure. C’est un défi que j’ai finalement perdu, mais dont je sors quand même gagnant. Ceci a donné à mon esprit de nouvelles ouvertures, dont je ne suis que reconnaissant. Je n’avais pas essayé de comprendre cet homme, je l’ai jugé sans le connaitre. L’on ne m’y reprendra plus. Comprenez donc mon indignation quand je vois des gens blâmer les autres sans chercher le cœur du problème qui les pousse à de tels actes.

Il y a dans mon quartier cette jeune fille assez jolie qui fait commerce de son corps pour payer ses études et subvenir à ses différents besoins. Elle n’a que 19 ans mais prend en charge toute sa personne tant sur le plan éducatif que financier. Elle trimbale sa bosse des plus moches berlines aux plus luxueuses 4×4. Une voiture différente l’attend chaque soir, pour l’emmener vers un monde où le plaisir charnel se troc contre une somme d’argent. Elle rentre souvent peu après minuit mais reste quelques fois dormir là-bas si l’heure est trop avancée pour ne rentrer qu’à 5h du matin. Sa mère l’attend souvent dans la nuit. Quand elle franchi le seuil de sa maison en quête d’un peu de répit, celle-ci l’interpelle « Ma fille, tu n’as rien pour moi ? »

Orpheline de père, elle affronte seule son fardeau quotidien. Sa mère ne l’aide en rien. La seule chose qu’elle lui offre c’est un toit. Pour donc se nourrir, se vêtir, se soigner elle ne fréquente que des hommes qui ont un certain niveau de vie. Elle épouse le dicton « l’on ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche ».

Les mauvaises langues du quartier ont tôt fait de la traiter de tous les noms. Mes compères se plaisent à fantasmer et à médire sur elle. « Fille matérialiste, pute, salope, putain, achao, Gbolo » c’est ainsi qu’ils la qualifient.

J’ai de l’admiration pour sa force de caractère. Elle veut aller loin. Elle s’en donne les moyens. Elle n’attend rien de personne. Elle sait ce qu’elle veut. « Je suis différente, je suis unique… et je l’assume ! » m’a-t-elle dit.

Elle ne serait pas dans une telle situation si sa mère prenait ses responsabilités. La réalité est telle qu’elle est. Soyons pragmatique !

Au lieu de juger, tentons de comprendre pour mieux accepter.


Les bonnes manières n’étaient pas africaines

Credit Photo : flickr.com
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En discutant hier matin avec mon père, il me demanda de lui servir de l’eau à boire. Ceci lui rappela, deux anecdotes qu’il me conta.

  • La première : il demanda une fois à une personne connue, lors d’un passage chez cette dernière de lui servir à boire. Cette dernière prit un sachet de pure water qu’elle ouvrit avec sa bouche et renversa son contenu dans un verre. Mon père choquée par l’acte, lui demanda ironiquement « Tu n’aurais pas un ciseau ? ». Elle comprit l’allusion et se vexa. Je ne sais si finalement, mon père but cette eau.
  • La deuxième : Au cours d’un petit-déjeuner avec son neveu, celui-ci prit la boite de lait concentré et se mit à souffler dedans pour faire sortir plus vite le liquide laiteux. Ceci éberlua mon père qui ne toucha plus au lait. Son neveu lui demanda quelques instants après : « Tonton, tu ne comptes pas utiliser le lait ? ». Mon père répondit que non, qu’il ne consomme pas de lait concentré. (Mensonge)

Je m’esclaffai à la fin de ces récits. Je lui dis ensuite que les bonnes manières ne sont pas africaines, qu’elles nous ont  été apportées par la colonisation.

Chez nous en Afrique, nous aimions manger à la main sans couvert à plusieurs dans un même plat. Nous mangions vite, bruyamment, les lèvres entre-ouvertes. En signe de satisfaction, à la fin du repas, nous nous lapions les doigts et émettions un rôt fort. Nous utilisions tous les mêmes verres à boire que l’on plongeait dans la citerne contenant de l’eau dont toute la maisonnée se sert. Nous nous invitions chez vous sans vous prévenir que ce soit pour manger, vous voir ou pour séjourner chez vous. Quand tu rends visite à quelqu’un, l’on t’apporte à boire dans un grand gobelet qui passe dans la bouche de tous les visiteurs. Quand bien même vous êtes vingt, ce gobelet passera dans toutes vos bouches. En Afrique c’est convivial. Nos femmes pour leurs menstruations ne portaient pas de couches payées en pharmacie, mais des bouts de tissus qu’elles se mettaient dans ce qui leur servait de caleçons. Nous ne nous épilions pas. C’était pour nous contre-nature. Il était dit qu’une femme qui s’épilait se rendait stérile. Nous laissions nos corps s’exprimer. Chez nous en Afrique, nous n’avions pas pour habitude de beaucoup nous couvrir. Drapé, dans un pagne, nous nous sentions fières et très habillés. Chez nous en Afrique, la famille moderne n’existait pas. Pour se dire bonjour, l’on prend des nouvelles de tout le monde à tel point que cela peut durer une vingtaine de minute. Chez nous en Afrique, les femmes devaient être totalement soumises à leur homme. L’homme pouvait courir autant de femmes qu’il le désirait, toi la femme tu lui devais fidélité et stoïcisme. L’homme pouvait rentrer de tu-ne-sais-où, à une heure extrêmement tardive et te réveiller pour t’intimer l’ordre de lui faire à manger. Chez nous en Afrique, pour pouvoir épouser une femme, tu te dois de la doter. La dote selon notre définition à nous africains, est un ensemble de présents que la belle-famille exige à leur futur gendre. Chez nous en Afrique nos dirigeants avaient pouvoir de vie et de mort sur leur sujet. Souvent les peines de morts consistaient à ce que l’on jette le condamné en pâture à des carnivores. Enfants, nous aimions courir nu dans le quartier les bijoux de familles en l’air. Nous faisions la lessive dans le marigot, nous lavions avec son eau, buvions cette même eau sans pour autant avoir des soucis de santé. Mais quand venait la maladie, la grand-mère avait toujours une recette phytothérapique à dispositions. Pour rire, nous rions. Quand l’africain trouve une chose hilarante, il ouvre grandement sa bouche et se met à rire à gorge déployée. Vous pouvez l’entendre à des centaines de mètres à la ronde. Chez nous en Afrique, nous sortons sans ambages le membre masculin devant tous pour uriner, et nous déposons ensuite un crachat gluant à l’endroit où nous nous sommes soulagés. Chez nous en Afrique, nous nous curons la gorge en nous s’égosillant avant de cracher. Au lever, pour l’hygiène buccale, nous ne nous payions pas en pharmacie des brosses à dent ELGYDIUM à 2500 FCFA pièces assortis à des pates dentifrice sensodyne. Nous mâchions du cure-dent.

Mais tout cela, c’était avant. Depuis il y a eu la colonisation, la traite nègrière, les indépendances … Aujourd’hui nous nous disons civilisés. Chacun ses couverts, chacun son plat. L’on mange avec des fourchettes et couteaux … Nous avons troqué nos pagnes contre des costumes Georgio Armani, Hugo Boss. Finie la polygamie, les putes assouvissent désormais nos pulsions indécentes. Les femmes s’expriment, se disent féministes. Nous nous disons chic parce qu’achetant des trucs chers, allant dans des lieux pas accessible à tout le monde. Nous voilà civilisés !


Lettre à Bella

lettre
Credit Photo : flickr.com

Chère Bella,

J’ai mal. Pourquoi te demandes-tu ? Ai-je vraiment besoin de te répondre ? Tu sais trop bien que t’en es la source. Tu dois te demander pourquoi cette lettre, moi qui n’ai pas daigné venir te dire au revoir. La vérité est que j’en étais incapable. Incapable de te voir là pâle, gisant inerte, les yeux fermés, le corps froid.

Bella, te dire que j’ai souvent pensé à toi serait un euphémisme. Je dois t’avouer que très souvent, je me suis évadé dans un monde où je t’ai vu heureuse, souriante, ensorcelante. Mais à chaque fois que mes yeux s’ouvraient, la réalité, la cruauté, le manque de tact de cette vie me brisaient. Dans un élan de sincérité, je n’ai plus voulu me tromper plus longtemps. Tu n’étais plus. Je devais commencer par m’y faire.

Le soir de ta mise sous terre, j’ai composé ton numéro de téléphone. Qu’espérais-je ? Je ne sais pas. Peut-être te voulais-je toujours vivante. Oui j’avais mal, personne n’avait besoin de le savoir. J’ai toujours fonctionné ainsi, nul besoin de parler de mes peines.

Je faisais désormais face à cette vérité que j’ai longtemps voulu édulcorer. Je réalisai que jamais je ne donnerai vie à ces envies que tu suscitais en moi. Comme pour me consoler, je me suis mis à flirter avec la plus grande des dépressions. Je ne trouvais aucun charme à cette douleur, mais elle me rendait humain. Je la cachai derrière un masque de clown. Peu m’importait dès lors à quel point cette douleur me consumerait, personne ne la verrait. Je garderais mon sourire.

Il me fallait sortir de cet abysse dans laquelle je m’enfonçais. Tout était à refaire.

Aucune main ne s’est tendue à moi. Tout le monde me croyait bien. Je ne me savais pas si bon acteur. J’aurais pu y faire carrière. J’ai traversé cela seul entre questionnements stériles et blasphèmes. Je n’ai jamais été le genre de personne qui s’attache. J’ai toujours eu la rupture facile. Mais Bella, si j’avais pu, ce 07 juillet 2014 je ne t’aurais pas laissée partir. Il nous restait trop de choses à vivre. Sans me prévenir, la mort t’assaillit, sournoise, impitoyable.

Vivre ou te suivre ?

Le choix n’a pas été difficile. Il me fallait vivre. Je me devais de poursuivre seul ma quête, la quête de ma réalisation personnelle. Le temps continuait de tourner, le jour j’étais vivant mais seul dans la nuit, dans mes songes je mourrais avec toi.

Et vint le jour où je pouvais de nouveau désirer une autre. Comme pour me convaincre, je me suis dit que c’est ce que tu aurais voulu que je fasse. Là où tu es, tu n’auras plus jamais besoin de rien. Si tant est-il qu’il y ait une vie après la mort, nous nous reverrons. Cela je n’en doute pas. Il en faut peu pour se retrouver de l’autre côté.

Maintenant, je vais bien.

J’ai survécu à ta perte. Une nouvelle personne partage désormais ma vie. C’est plus que ce que nous avons connu toi et moi. Avec elle c’est plus qu’un flirt, c’est beaucoup plus sérieux. Je te la présenterai peut-être un jour quand viendra notre tour de passer de l’autre côté.

Jusqu’à ce que je te rejoigne …


Notre première rencontre

J’étais assis sur ce banc, seul dans ce couloir pétri d’un silence que seuls des bruits de pas troublaient. Tu étais quelque part entre ces murs. Je t’avais si longtemps fantasmé. J’avais le cœur qui battait fort, j’avais l’impression d’étouffer, ta venue me stressait, notre rencontre me stressait. Nous avions longtemps conversé, longtemps monologuer. Je parlais, tu m’écoutais. Je ne t’attendais pas ce jour-là. Nous n’avions pas rendez-vous. Tu allais devenir une personne très importante pour moi pour le restant de ma vie. Était-ce nécessaire de prendre rendez-vous ?

Il n’était pas trop tard lorsque je rentrai ce soir-là. J’avais réussi à arriver assez rapidement, évitant les embouteillages classiques, et me réjouissais par avance des quelques minutes de repos dont j’allais pouvoir profiter. Flavia était là, tranquille, assise devant la télé dans un demi-sommeil. Elle ne m’entendit pas rentrer. Je m’approchai d’elle, lui baisa la joue, cela la réveilla. Elle éteignît la télé, mis une musique douce puis me réchauffa mon repas. « Laisse je vais le faire moi-même, t’es enceinte chérie, tu dois te ménager » lui dis-je. Elle ne voulut rien entendre. Ma pitance chauffée, je m’installai sur le canapé près d’elle et nous discutâmes de choses et d’autres, les banalités quotidiennes indispensables.

Je montai à l’étage pour prendre une douche et ensuite me reposer, un moment que j’attendais tant. Sur le seuil de ma porte, je l’entendis m’appeler « Laurier, je perds les eaux ». Pris de panique, je couru pour la rejoindre mais un faux pas me fit trébucher. Je dévalai les escaliers sur les fesses. Dieu était-il d’humeur à plaisanter ?

Je m’agitais dans tous les sens, la pressa pour que nous allions à l’hôpital. Contrairement à moi, elle était calme, trop calme à mon gout. « Mais comment peux-tu être aussi zen ? » lui demandai-je. Elle me sourit, et me dit « Tu ne vas quand même pas m’emmener à l’hôpital sans pantalon ? »  Oui ! Dans mon élan vers la salle d’eau, j’avais enlevé mon pantalon. J’allai m’habiller prestement. Je lui servis d’appui jusqu’au véhicule. Installés, je voulu démarrer. Je n’avais pas les clefs. (Stress quand tu nous tiens …)

Une fois les clefs prises, nous nous mimes en route. Rien ne saurait entamer mon excitation. Ni les piétons imprudents, ni les chauffards qui te coupent la route sans prévenir. Rien, pardi ! Je constate que la route est quand même sacrément longue. J’appuyai sur le bouton de détresse, les véhiculent nous laissèrent passer. Je roulais à grande vitesse. Flavia me dit « du calme chéri, tout va bien se passer ». J’avais pour habitude de lui dire cela quand à la fac, elle stressait pour les partiels. Aujourd’hui, c’est elle qui me le disait.

« Vite, les brancardiers ! Ma femme va accoucher » criai-je sans politesse au gardien à l’entrée de l’hôpital. La célérité avec laquelle il courut dans l’hôpital les chercher me toucha le cœur.

Assis sur ce banc, le temps m’a paru sacrément long. Ce jour était spécial. J’avais le sentiment de vivre quelque chose de spécial. Tous ces badauds devant moi qui te regarde sans savoir ce que tu es en train de vivre présentement.

Un coup d’œil sur ma montre : il est 22h 30. Presque 2h que je suis ici. Je tendis mes oreilles à la recherche de cris strident. Il est dit qu’un accouchement est très douloureux. Rien ! Aucun bruit ! Je m’inquiétais. Une naissance et une mort le même jour ? Ou deux morts le même jour ? Pris d’effroi, je me retrouve à arpenter le couloir de l’hôpital. Je téléphone à ma belle-mère, je transpire tout seul. Comment va ma femme ? Tout se passe bien ? Comment va le bébé ?

Je vois l’obstétricien sortir. Il se dirigeait vers moi. Je me jette sur lui, je le harcèle de question. Il me rassure, tout s’est bien passé. Flavia et Neal vont bien. Oui, c’était un garçon. Nous connaissions son sexe depuis quelques mois déjà. Nous avions décidé de l’appeler Neal, par amour à un personnage de cinéma du même nom.

L’on me permit de rejoindre ma femme. Elle avait les  traits tirés, elle était fatiguée. Elle dormait. Je m’assis près d’elle sur ce lit et lui pris la main. Elle me pressa légèrement. Il eut cette connivence qui nous unit. C’était la fin de notre vie à deux et le début d’une vie à trois.

Quelque part dans ces murs, Neal prenait sa première douche. Je n’entendais aucun bruit, aucun pleur. Cet hôpital devait sacrément être bien insonorisé. Je bouillonnais d’impatience, je jubilais. Je savais qu’il était là quelque part mais je ne le voyais pas.

Plus d’un quart d’heure après, je demandai à voir mon fils. Je suivis l’infirmier, nous passâmes dans un petit couloir. Je lus sur une pancarte « Maternité ». Je pris une grande inspiration, c’est enfin le moment que j’ai fantasmé des mois durant. Nous nous arrêtâmes devant une baie vitrée. Je ne pouvais pas encore l’approcher. Il le pointa du doigt, tu étais là sous mes yeux. Tu étais si petit, tu avais l’air si fragile. Comme t’étais mignon ! Je restai là à te regarder, tu dormais. Le voyage a été long et éprouvant, 9 mois cela a duré.

Je ne ferai vraiment ta connaissance que le lendemain. Impatiemment, j’ai attendu demain.

J’ouvris les yeux. Il était 5h. Des flashs de la veille me revinrent. Je m’échinai à distinguer le rêve du réel. Hier je suis devenu papa. D’ailleurs sept appels et une dizaine de SMS me le confirmèrent. Tout ceci était réel. Je somnolai encore un peu. J’ai peu dormi de la nuit.

Je me levai d’un trait. Il était 7h. Je filai prendre une douche. Je jubilais. Je me dépêchai. Je ne dois pas être en retard aujourd’hui. J’ai rendez-vous avec mon fils. Mon téléphone sonna à nouveau. Je ne décrochai pas. Je m’habillai, me déshabillai et me rhabillai. Il me fallait porter ce qu’il faut. Une circonstance pareille le valait bien. J’hésitai à mettre un parfum. Finalement, je n’en mis pas.

Et je me mis enfin en route. J’arrivai, je traversai furtivement le couloir jusqu’à la chambre de ma femme. J’entrai sans frapper. Tout le monde me salua avec le sourire et les yeux brillants. Je m’enquis de l’état de ma femme. A part la fatigue, tout allait bien. Neal était là, posé dans un berceau à côté. Il était éveillé. Je me lavai soigneusement les mains et les avant-bras. Ce moment tant attendu, tant fantasmé était enfin là. Il était juste là devant moi. Je n’avais qu’à tendre les bras et le prendre. Je me penchai sur son berceau, et le pris par ses deux bras. Je le reposai par peur de l’abimer. Je me redressai. Je regardai ma femme. Elle me sourit. J’essayai à nouveau. Cette fois, je le pris délicatement avec sa couverture, une main sous sa nuque et une autre sous ses fesses. Je l’élèvai jusqu’à mon torse. Je le mis contre ma poitrine. Je lui effleurai la joue. Il gesticula. Chouette ! J’eus le sentiment diffus d’être unique à cet instant. Tout allait changer. Je voulu crier de joie : Je suis Papa ! On ne crie pas à l’hôpital m’avait dit ma maman. Désormais un être, m’appellera papa. Tout le monde devait le savoir.

Je le regardai longuement, satisfait du fruit de mon ADN. Et je lui dis « Je n’ai jamais été père auparavant. Toi non plus, tu n’as jamais été fils. Nous allons apprendre ensemble. Je t’apprendrai à donner des coups à la vie et aussi à encaisser celle que la vie te donnera. Je te ferai réussir là où j’ai échoué car les échecs de ma génération sont les défis de la tienne. Je t’offrirai ce que je n’ai pas eu. Je te gronderai quand il t’arrivera d’avoir des écarts. Je  te promets d’être toujours là pour toi, même si cela venait à signifier ne plus être là. »

Ce fut le début de notre histoire.

 

Crédit Photo : flickr.com
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Semaine culturelle estudiantine : Fêtes, boissons, dépravations

Il m’a été demandé par notre responsable culturel d’écrire le discours d’ouverture de la semaine de l’étudiant à la faculté des sciences de la santé de l’université de Lomé. Le voici !

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA SEMAINE DE L’ETUDIANT

Monsieur le Doyen de la faculté des sciences de la santé,
Monsieur le 1er vice-doyen de la faculté des sciences de la santé,
Monsieur le 2ème vice-doyen de la faculté des sciences de la santé,
Monsieur le délégué général de la faculté des sciences de la santé,
Monsieur le vice-délégué général de la faculté des sciences de la santé,
Mesdames et Messieurs les Professeurs et Chercheurs,
Monsieur le Président de l’AEPHAT,
Monsieur le Vice-Président de l’AEPHAT,
Monsieur le président de l’AEMP,
Monsieur le Vice-président de l’AEMP,
Madame la Représentante des laboratoires « DAFRA PHARMA »,
Chers collègues, camarades, amis, doctorants et étudiants,
Mesdames et Messieurs,

Je veux tout d’abord vous remercier pour votre présence aujourd’hui.

La semaine culturelle comme son nom l’indique est une semaine dédiée à la culture. Semaine au cours de laquelle, professeurs, étudiants, et participants extérieurs se découvrent, échangent et confrontent leurs idées dans le cadre universitaire. Cette semaine se veut être une semaine, où l’étudiant est à l’honneur, où tous les regards sont tournés vers l’étudiant. Ces journées doivent être plus instructives, plus découverte que fêtes, boissons et dépravations.

La réalité est à l’antipode de la bienséance. L’étudiant privilégie les festivités occultant l’intérêt intellectuel de la chose. Il urge que le qualificatif « Etudiant » retrouve son essence et son prestige. La foire universitaire où trônent boissons et victuailles, ne doit pas être le centre ces journées. Il est nécessaire de revenir à l’essentiel. Soyons audacieux. Créons un cadre au cours de ces journées pour faire valoir notre savoir-faire.

Que le pharmacien vienne démystifier la synthèse, la galénique du médicament en faisant cela devant tous.
Que le médecin nous ouvre sa médecine.

Etudiant-Pharmacien,
Etudiant-Médecin,
Mesdames et Messieurs,

L’éducation est la matière première, essentielle au développement démocratique, social, économique et pacifique de toutes les sociétés. Partons à l’assaut de la connaissance, retrouvons notre dignité.

Voyez-vous, l’étudiant togolais n’est pas encore rentré dans l’histoire. Quand l’on parle de nous au  journal, c’est presque-toujours pour nos frasques, pour nos grèves.

Il faut «préparer l’avenir». Nous sommes l’honneur de ce pays, dont chacun sait que la prospérité et l’avenir dépendra toujours de l’excellence de ses enfants. Un avenir ouvert et prometteur s’offre à nous. Nous ne devons pas y être réfractaires en se refusant à l’excellence. Nos qualités nous destinent aux meilleurs cursus, et aux carrières sur lesquelles ils débouchent.

Profitons de ces journées. N’oublions jamais que, s’il comporte déjà les perspectives d’une réussite sociale, il est d’abord riche d’une élévation intellectuelle et morale. Nous sommes une élite. À ce titre, sachons que vous n’avons aucun droit particulier, mais de réels devoirs qu’il nous appartient à nous seuls de nous donner.

Ce que nous avons reçu, partageons-le. Ce dont nous sommes capables, montrons-le. Le respect que nous inspirons par notre capacité, employons-le à faire le bien, dont nous serons bon juges. C’est tout une faculté qui ressent de la fierté de nous savoir issus de sa population.

Nous sommes les agents de santé de demain. Faire des études médicales, c`est se mettre au service de la communauté en repoussant les frontières de l`ignorance et de l’incompétence. Nous prenons soin de la vie. Pour notre pays qui aspire au développement, la recherche et la technologie doivent être perçues davantage comme des éléments stratégiques de la compétition économique nationale et internationale.

Le futur de la santé se trouve dans la pharmacie. C’est dans cette filière que l’on retrouve la majorité de la recherche et de l’innovation ayant trait à la santé. La pharmacie fait la santé. Le médecin peut beau diagnostiquer une maladie, sans le médicament il n’y aura pas de traitement. Le pharmacien apparait donc comme le pilier principal de l’équipe pluridisciplinaire de la santé. Le médecin peine à faire cet aveu d’incompétence. Il s’érige en maître et se refuse à reconnaître le pharmacien. Cela se manifeste aussi dans le cadre estudiantin par la non-implication des étudiants-pharmaciens dans la prise de décisions ou d’organisation des journées récréatives à la FSS.

Dans cette optique, l’AEPHAT (Association des Etudiants en Pharmacie du Togo), par ma voie exige que cette discrimination et ce manque de considération à notre endroit cesse, quitte à ce que l’AEMP (Association des étudiants en Médecine et Pharmacie du Togo) retire la pharmacie de son sigle.

Une manifestation de cette ampleur pose toutefois aussi des défis organisationnels très importants. Je tiens à saluer le dévouement de tous les organisateurs qui ont rendu possible ces journées.

Mes amis c’est une nouvelle, une belle, une grande histoire que nous devons construire dès aujourd’hui. Elle doit concerner chacun. Je vous le dis du fond de mon cœur. Un nouvel horizon est devant nous, c’est maintenant qu’il faut faire de nos rêves une réalité, et le Togo sera sauvé.

Je nous souhaite à tous une semaine enrichissante, des débats et entretiens intéressants et fructueux, de nouvelles impulsions et une poussée d’énergie dans nos activités.

Je déclare ouverte, la semaine de l’étudiant à la faculté des sciences de la santé de l’université de Lomé.

Je vous remercie.

FSS-UL, le 24-05-2016